Au coeur de la tourmente

Réalisation: Beeban K.idron(l998)

 

Avec:Vincent Perez, Rachel Weisz, lan McKellen, Joss Ackland, Kathy Bates, Tom Bell, Zoë Wanamaker, Tony Haygarth, Fiona Victory, William Scott-Masson, Eve Matheson...

 

L'histoire: En Cornouailles, au 19ème siècle, Amy Poster, une servante mal aimée, se réfugie souvent dans une grotte où elle amasse des objets rejetés par la mer. Un jour, après la tempête, elle découvre un naufragé, Yanko, émigrant ukrainien, qui quitte son pays pour gagner l'Amérique

 

INTERPRETATION SOPHIA-ANALYTIQUE

 

Thème : l’ambivalence

 

Amy est le fruit d'une relation scandaleuse, c'est le grand-père paternel d'Amy qui est son père biologique, le fils ayant épousé la mère d’Amy pour couvrir les choses. Amy a un dialogue impossible avec la communauté. Dialectiquement, son silence est une attitude négative, elle a coupé le dialogue en réponse à sa blessure. Mais de cette façon, elle s'est aussi protégée. Si elle entrait dans l'esprit de la communauté, elle devrait tout le temps afficher sa blessure.

 

Sa positivité, elle la trouve là où la mer lui apporte de belles choses. Dans la grotte, elle amasse ses trésors, elle recrée un espace intra utérin. Les objets récoltés peuvent aussi représenter l'installation d'objets internes positifs. Et Yanko lui vient de la mer...

 

Yanko arrive en Angleterre, alors qu'il partait pour l'Amérique. Son bateau fait naufrage, il est le seul survivant. Yanko est un enfant privilégié, très investit par ses parents qui l'envoient faire fortune en Amérique. Le naufrage est l'évocation de la naissance, même l'enfant le plus aimé subit une perte et un traumatisme à l'occasion de la naissance. Yanko est catapulté du bateau, il dénie l’abandon qu'il a vécu. Il est dans une idéalisation de son histoire. Un exemple est qu'il n'a pas conscience que tous les voyageurs sont décédés.

 

Avec cette base d'enfant privilégié, il reste dans une incompréhension, dans une révolte devant la haine de la communauté. Avec une histoire plus facile au départ de sa vie, il a plus difficile à donner sens à la haine. Il n'a pas accepté sa propre ambivalence, le monde doit alors rester méchant. La maladie va le rendre irrationnel et c'est un aspect dangereux de lui qui sort. Il pense qu'il a plus de moyen «moi, je suis fort», or c'est lui qui meurt. Il doit mourir à une idéalisation.

 

Nous sommes tous chaque personnage du film, la communauté est contre l'histoire d'amour d'Amy et Yanko. Elle représente les parties de nous qui s'opposent à la réalisation de notre bonheur liés à notre blessure. Tout le village est sous le poids de la blessure, la gangrène est une manifestation de cette blessure.

 

Le médecin qui a perdu sa femme et son fils, mais qu'a-t ‘il fait de sa douleur? Il l'a gommée. A la fin du film, il pense faire couple avec Amy car ils sont dans la même douleur, celle de la perte d'un être aimé. Mais Amy n'est pas disponible, elle va aimer Yanko jusqu'à la fin du monde.

 

Yanko dit : «Nous avons de la chance». Parce qu'ils sont arrivés à s'aimer, parce qu'ils ont connus l'amour malgré toutes les persécutions, c'est la proposition du film. La culpabilité d'Amy à la mort de Yanko est la trace claire de son ambivalence.

 

Nous venons tous de la mer-mère, chacun de nous est un peu Amy, un peu Yanko. Nous sommes tous des naufragés. La grossesse, ici, est représentée à travers chacun des deux protagonistes comme un modèle du paradis et de l'enfer. Aussi deux départs dans la vie différents représentent chacun deux parties de la même personne (le positif et le négatif).